top of page

Questions d'éthique et de déontologie

Dans le cadre du cours de Questions d'éthique et de déontologie, nous avons eu l'occasion de débattre sur divers sujets d'éthique et de déontologie. J'ai choisi d'en développer un plus en profondeur : 

" Est-il souhaitable d'imposer un implant auditif à un enfant de moins de trois ans , quitte à le priver d'avance d'une inscription dans la communauté sourde ?" 

J'ai choisi de développer cette thématique car elle me touche personnellement et professionnellement. En effet, dans le cadre de mon travail d'éducatrice spécialisée, il m'est demandé de rester neutre face aux choix des personnes sourdes qui m'entourent. 

Les raisons pour lesquelles une implantation est proposée avant l'âge de trois ans ( pour les enfants sourds qui rentrent dans les conditions) sont principalement liées au développement du langage de l'enfant. L’acquisition du langage ne nécessite pas un apprentissage, les enfants ne suivent pas de cours pour apprendre leur langue maternelle, c’est la même chose pour l’enfant sourd. Comme l’enfant entendant, c’est en étant baigné dans un flot de langage qu’il va naturellement l’acquérir au fur et à mesure des interactions qu’il aura avec son entourage et que celui-ci aura avec lui. S'il est implanté très jeune, il pourra avoir accès à ce bain de langage.

Grâce à un suivi et une rééducation tout au long de sa jeunesse, l'enfant sourd pourra améliorer sa compréhension du monde extérieur. En effet, il pourra agir et interagir avec le monde qui l'entoure. Il aura la possibilité de communiquer plus facilement avec les entendants qui peuplent la société actuelle. Car il faut être réaliste, la surdité est un handicap peu connu et accepté dans notre société actuelle. Les personnes ne sont pas forcément tolérantes. Il peut être utile de se donner un maximum de chances pour l'avenir, pour pouvoir se débrouiller seul, être autonome dans sa vie quotidienne et ne pas dépendre des gens qui nous entourent. C'est aussi un avantage à prendre en considération pour son futur métier.

Cependant, pour les enfants sourds de parents entendants, il n'est pas logique de demander de leur part l'effort d'apprendre une nouvelle langue (Langue des Signes) qu'ils mettront plus de temps que leur enfant à apprendre. Dans ce cas-là, ils ne pourront pas être des guides pour leurs enfants dans cette langue là. L'apport lexical, grammatical et syntaxique s'en verra affaibli. Il sera toujours temps pour lui d'apprendre la langue des signes en seconde langue une fois la langue française maîtrisée.

 

L'implantation n'est pas forcément un frein à l'accès à la langue des signes. Il existe même des enfants bi-implanté (gauche-droite) et bilingues qui évoluent très bien dans les deux langues. Ils sont sans doute l'avenir pour la création d'une passerelle entre le monde des sourds et celui des entendants. De plus, à l'âge adulte, l'enfant pourra peser le pour et le contre et choisir le chemin qu'il veut suivre. Il pourra alors décider de garder ou non ses implants. 

Un sourd reste un sourd même après une telle opération, car une fois la partie extérieure de l'implant enlevée, la personne n'entend plus rien. 

Les freins à l'implantation avant l'âge de trois ans sont les suivants. Tout d'abord, comme pour toutes opérations, celle-ci comporte des risques. En cas d'échec, l'enfant risque de perdre le peu de reste auditif qu'il avait. Après son opération, l'enfant devra suivre une rééducation pour se familiariser avec le monde sonore qui l'entoure. Cette rééducation nécessite un accompagnement par des professionnels tels que un logopède, un ORL, un psychomotricien, un audiologue, un psychologue, un spécialiste en orthopédagogie, ... Ce suivi tout comme l'opération ont un coût pour les parents, malgré les remboursements de la mutuelle.   

Ce train de vie peut sembler bénéfique pour l'avenir de l'enfant mais peut s'avérer très épuisant. Certains enfants finissent même par être dégoûtés de tous ces suivis qui envahissent leur quotidien et mettent en évidence sa différence.  Au-delà des suivis, il faut pouvoir vivre au quotidien avec ces appareils, ce qui demande un effort attentionnel très important, beaucoup d'énergie et de concentration. Le bruit environnant est pour lui une source de fatigue supplémentaire. 

Comme dit précédemment, une fois l'implant enlevé, si l'enfant n'a pas acquis d'aide à la communication telle que la langue des signes ou la LPC, il se retrouvera seul. Même avec l'implant, la compréhension n'est pas totale. Elle nécessite une attention soutenue qui pourrait être diminuée si la personne maîtrisait la langue des signes et pouvait communiquer avec ces interlocuteurs par ce biais. 

Cependant, un sourd implanté peut difficilement se revendiquer sourd aux yeux de la communauté sourde même s'il a appris la langue des signes en cours de route. Il sera perçu par ceux-ci comme un demi-sourd. Pour les parents sourds, il est difficile d'accepter que la société veuille réparer leur enfant né sourd. 

bottom of page